Il y a environ 1,8 million d'années, un personnage clé de notre histoire évolutive faisait son entrée sur la scène mondiale : Homo erectus, "l'homme droit". Son apparition marque un tournant décisif, une véritable révolution dans la lignée humaine, caractérisée par des innovations qui allaient façonner notre avenir.

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Imaginez un ancêtre qui, pour la première fois, nous ressemble étrangement dans ses proportions. Homo erectus est le premier hominine à arborer des jambes longues et des bras plus courts par rapport au tronc, une silhouette taillée pour la vie au sol et non plus pour grimper aux arbres comme ses prédécesseurs, les Australopithèques ou Homo habilis. Plus grand, plus robuste, il se déplace avec une démarche bipède efficace, quasi moderne , capable de parcourir de longues distances. Cette nouvelle anatomie lui ouvre de vastes horizons.

 

Son visage, bien que plus projeté vers l'avant que le nôtre et surmonté d'un épais bourrelet osseux au-dessus des yeux, est moins prognathe que celui d'Homo habilis. Son crâne, bas et allongé, abrite un cerveau en pleine expansion. Avec une capacité crânienne démarrant autour de 850 cm³ pour les formes africaines précoces (contre 600 cm³ pour Homo habilis), Homo erectus franchit un cap intellectuel. Cette augmentation cérébrale, gourmande en énergie, est probablement liée à un changement de régime alimentaire et à un mode de vie plus actif.

 

Né en Afrique il y a environ 1,85 millions d'années, comme le suggèrent les plus anciens fossiles découverts en Afrique du Sud (Drimolen) et en Afrique de l'Est (Kenya, Éthiopie ), Homo erectus ne tarde pas à regarder au-delà de son berceau. Fait remarquable, on retrouve ses traces en Géorgie, sur le site de Dmanisi, dès 1,8 million d'années. C'est la première fois qu'un hominine s'aventure hors d'Afrique. Cette dispersion incroyablement rapide, moins de 200 000 ans après son apparition, témoigne d'une capacité d'adaptation exceptionnelle. Les individus de Dmanisi, parfois appelés Homo georgicus, semblent un peu plus primitifs, avec un cerveau plus petit, illustrant peut-être une phase d'expérimentation évolutive au début de cette grande aventure.  

 

Comment ces premiers voyageurs ont-ils survécu? Autour de 1,85 million d'années, Homo erectus utilise encore les outils de la technologie Oldowayenne , héritée de ses ancêtres : des galets taillés (choppers) et des éclats tranchants. Ces outils, bien que simples, sont efficaces pour découper la viande, fracturer les os pour accéder à la moelle ou travailler les végétaux. L'industrie plus sophistiquée de l'Acheuléen, avec ses fameux bifaces symétriques, n'apparaîtra qu'un peu plus tard, vers 1,76 million d'années. Le succès initial d'Homo erectus repose donc sur ses capacités biologiques et comportementales, plus que sur une technologie révolutionnaire.  

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Son régime alimentaire devient plus flexible et intègre davantage de viande, obtenue probablement par charognage et peut-être par une chasse plus active. Cette source d'énergie riche soutient son grand cerveau et son corps plus imposant. Il ne délaisse pas pour autant les végétaux, consommant fruits, graines et sans doute des tubercules. Cette polyvalence alimentaire est une clé de son succès adaptatif dans les environnements variés du Pléistocène africain, faits de savanes, de forêts claires et de points d’eau, où il côtoie une faune impressionnante de grands herbivores et de redoutables carnivores.

 

Si l'on associe souvent Homo erectus à la maîtrise du feu, les preuves formelles manquent cruellement pour la période de 1,8 million d'années. Les plus anciennes traces fiables de foyers contrôlés apparaissent bien plus tard, vers 1,5 ou 1 million d'années. Il est donc probable que les premières étapes de l'évolution d'Homo erectus, y compris sa sortie d'Afrique, se soient déroulées sans le bénéfice de la cuisson systématique des aliments.

 

Homo erectus est bien plus qu'une simple espèce fossile. Il représente un nouveau "grade" évolutif, une étape fondamentale vers l'humanité moderne. Sa combinaison unique d'adaptations – bipédie efficace, cerveau en expansion, régime flexible, usage d'outils et capacité à explorer le monde – lui a permis de survivre pendant près de deux millions d'années, un record absolu. Il est l'ancêtre probable des lignées humaines ultérieures, y compris la nôtre, Homo sapiens. Il y a 1,8 million d'années, Homo erectus a ouvert la voie, initiant une trajectoire marquée par l'innovation, l'adaptation et une présence humaine de plus en plus globale.